Nouvelle pause avant de repartir comme en ... 40. Le rythme est sympa et il y a encore de la réserve. Répondons à vos questions et surtout à celles d'une sympathique connaissance, institutrice meldoise Véronique Deschoux

Quelle a été l'interview la plus courte ?

En règle générale, j'aime faire durer mais il faut sans cesse s'adapter parfois entre deux portes, deux trains, deux avions ... mais l'important c'est d'être deux. Peut-être celle de Mireille Darc avec 7 ou 8 minutes. Inutile de dire que si cela n'avait tenu qu'à moi, j'aurai prolongé ce plaisir plus longtemps. Mais il peut se passer des choses fortes en quelques minutes. Cela avait été le cas avec Mireille.

La plus longue ?

Pour l'instant Yvette Horner avec plus de 6 heures chez elle, bien au chaud avec un petit goûter, une boîte de chocolats et un concert rien que pour moi au piano. Sublime moment ... avant de réécouter la bande du magnéto puis l'écriture, au moins 10 heures de travail. Enfin, de plaisir.

Celle qui t'as laissé le plus mauvais souvenir ?

Franchement aucune. Je suis toujours parti le coeur en joie avec du concret et de l'humain. Allez Véro, peut-être celle de Julien Doré, insaisisable comme du sable. Mais c'est moi qui a été certainement mauvais. Il faudrait la refaire.

Celle que tu n'attendais pas et qui est arrivée ?

Certainement Aimé Jacquet juste après la Coupe du monde en 98. Complètement assailli de demandes et fâché aussi avec une certaine presse, Philippe Tournon le chef de presse m'a demandé si j'étais toujours intéressé de venir à Clairefontaine rencontrer Aimé. Le courant était passé suite à la sortie de son livre et j'ai eu les honneurs de cette visite. Surprenant. Sans que je lui demande, Aimé m'avait dédicacé l'article d'une grande page avec ce petit mot "Toute vérité est bonne à dire". Touchant

Celle où tu étais le plus détendu ?

A vrai dire aucune. Je ne vais jamais à ce genre de rendez-vous les mains dans les poches. L'interview est préparée soigneusement et la fausse décontraction cache à chaque fois un trac assez important. Rien n'est acquis et même si je tremble moins, le mal au ventre est presque toujours là. Cela m'est indispensable pour pouvoir certainement faire passer mes émotions. Il y a toujours cette peur comme un dompteur qui entre en piste. 

Celle où tu étais le plus stressé ?

Peut-être Aznavour, Reggiani, Ferrat, Bécaud, Yves Coppens, Moustaki, Louis Nucera ... des gens que j'admire beaucoup. Dans le cas présent, ils ont l'habitude de répondre toujours aux mêmes questions. Il suffit de varier complètement l'angle. Comme ce sont des grands, ils s'amusent de ce jeu et du coup on inverse les rapports. J'aime bien mais il faut que cela fonctionne sinon on peut vite se retrouver désarçonné.  

Date : 2009

Lieu : interview collective dans un bel hôtel parisien à côté du Pont de l'Alma

Durée : 90 minutes environ dont 4 seulement en vrai tête à tête

Particularité : interview collective pour la sortie de son livre " A Capella" avec la presse parisienne agressive et vicelarde sauf une journaliste tendre et compréhensive. Polémique nationale avec procès en justice ensuite sur ses amitiés avec Brassens et Léautaud

Titre de l'article : Pierre Perret "A capella".

On l'avait manqué à plusieurs reprises notre P.P. national. On le retrouve en prise avec la presse parisienne mordante et agressive lors de cette interview collective qui a fait couler ensuite beaucoup d'encre sur ses 'pseudos" amitiés avec Léotaud et Brassens. Dur pour cet être pur qui continue de godiller avec élégance sur les pistes non balisées de l'enfance en ayant composé au passage plus de 400 chansons amusantes, sensibles mais aussi engagées. Comment ne pas écouter "Lily", "La Bête est revenue" ... sans avoir un appel aux larmes pour celui qui a repoussé avec tact l'appel aux armes. 

Sentiment curieux que de partager cet entretien mais un désir d'être seul ou même accompagné par une journaliste sensible pour un entretien qui n'aurait pas eu la même portée. Heureusement, que dans cette "meute" qui a chassé le Perret, j'ai pu poser toutes mes questions à ce grand monsieur de la chanson en décalage avec ce que certains attendaient. Mais un homme de cette qualité se respecte au plus haut point. Et puis, avec P.P., l'enfance n'est jamais loin :"c'est trop tard pour que je devienne un adulte. C'est foutu".

Une magnifique conclusion qui nous permet de continuer de  sourire à la vie et de fredonner "Quand le soleil est entré dans ma maison..."

La phrase : "Le Zizi" a été écrit bien avant l'évolution des moeurs. C'était même gonflé, si je peux dire, de le faire à cette époque. Cela a presque été une révolution ..." 

Date : 8 novembre 98

Lieu : Fnac de Noisy-le-Grand

Durée : 20 minutes entre deux signatures de son album Tendes Banlieue

Particularité : Trait, trait, trait ... sympa

Le titre de l'article : Tito, l'homme qui murmure à l'oreille des ados

Créateur de "Tendre banlieue", une série qui touche le monde de l'adolescence, Tiburcio de la Liave alias Tito est l'un des dessinateurs les plus sensibles. Un homme profondément humain qui a répondu avec douceur aux questions en véritable artisan. J'avais pour le dessinateur une profonde admiration et pour l'homme après l'interview, un profond respect.

La phrase : " Ce sont les rapports des personnages qui sont importants. C'est toujours les gens qui priment et vous savez les gens, c'est toujours passionnant ..."

Date : 9 mars 2000

Lieu : centre culturel Charles Vanel de Lagny-sur-Marne

Durée : un petit quart d'heure

Particularité : retardé sur la route, Laurent est arrivé juste avant le spectacle mais a tenu à honorer notre rendez-vous en s'habillant.

Titre de l'article : "Le rire est un antidote à la connerie"

5 ans après notre premier rendez-vous Laurent Gerra a taillé la route et est une vedette consacrée. La magie opère et il est devenu le plus grand. L'homme est pourtant resté à la hauteur de l'artiste. Simple, abordable et surtout avec une mémoire qui ne le trahit pas :"Oui, je vous reconnais car vous étiez venu me voir à mes débuts et j'avais été surpris que dans votre book d'interviews j'étais juste derrière M. Charles Aznavour. Surpris et très flatté d'ailleurs".

Devant notre étonnement, avec un naturel désarmant, Laurent feuillette de nouveau le book et tombe effectivement sur l'entretien juste derrière le grand Charles.

Une gentillesse naturelle qui complète parfaitement un don ... inimitable.

La phrase : " J'aime me moquer du quotidien et de l'actualité comme par exemple le Pape qui ne puisse plus se baisser et que l'on soit obligé à lui faire embrasser la litière du chat quand il arrive dans un pays ..."

Date : 20 avril 95

Lieu : Torcy salle Lino Ventura

Durée : 30 minutes avant d'entrer en scène

Particularité : une grande justesse de ton et une timidité visible

Le titre de l'article : Un talent inimitable

Laurent Gerra est l'imitateur qui monte et possède un stock de voix qui pourrait faire pâlir les candidats à la course au pouvoir. Cette rencontre avec un vrai gentil, s'est déroulée dans un climat détendu. Laurent a feuilleté, en prenant son temps, mon press-book composé de seulement 12 vedettes connues et reconnues et s'est étonné d'être parmi ce choix, lui qui détonne sur scène en égratignant les personnalités du monde.

L'interview est sympa, légère et Laurent laisse éclater de temps en temps un beau rire. Avec beaucoup de gratitude pour ceux qui lui ont permis de percer, l'imitateur sait rester à sa place et a déjà pris du recul par rapport au show-biz en s'éloignant de la vie parisienne. Un homme sage qui a trouvé sa ... voie.

La phrase : " Je suis faussement calme car cela bout à l'intérieur. J'aime bien avoir la paix comme tout à chacun. Je suis assez solitaire même si j'apprécie la rencontre. Il faut un mélange harmonieux des deux ..."