• 101. Guy Roux - entraîneur de footDate : août 88

    Lieu : stade de l'Abbé Deschamps à Auxerre.

    Durée : 1h 20 

    Particularité : ma première grande interview de personnalité sans être journaliste. J'avais fait le trajet Lagny-Auxerre en vélo pour obtenir cette interview.

    J'ai toujours voulu être enseignant et journaliste. Je ne pensais pas arriver à travailler un jour dans un journal. Peut-être pour combler ce manque, j'avais créé mon propre journal en tant qu'entraîneur de football. Je consacrais environ une heure par jour pour mon plaisir personnel et celui peut-être de mes joueurs pour la sortie de ce bulletin mensuel. Je récoltais les potins, dessinais tous les buts sous forme de bd, établissais les statistiques aussi précises qu'inutiles et multipliais la découverte des individus au travers de petits portraits humoristiques et parfois piquants.

    Un jour, je me suis mis en tête de faire l'interview de Guy Roux, le "pape" d'Auxerre. Je me suis dit que sans carte de presse, les chances allaient être minces, sauf si j'y allais en vélo. J'avais potassé mon sujet et savais que le père Roux avait fait le chemin quasi identique pour suivre dans sa jeunesse une finale de Coupe de France.

    Sous un soleil de plomb, j'ai fait le trajet en vidant les bidons d'eau. Une calamité que ce voyage avec des crampes et des jambes aussi de plomb. J'ai peiné à poser mon maigre sac à dos à l'hôtel et après m'être rafraîchi, je suis allé péniblement au stade, toujours en vélo. 

    Etantdans la vie très chanceux, j'ai bénéficié d'un coup de pouce du destin. En mettant l'antivol j'ai entendu derrière moi une voix me souffler, amusé :"Il n'y a pas de voleurs ici, vous venez de loin ?" C'était Guy Roux. Cela toombait bien car je be,nais pour le voir et ne voulais plus donner le moindre tour de roue ou de Roux ?

    "J'ai fait le même chemin que vous lors de votre venue à Colombes. Je viens donc ici en pélerinage". Un peu gonflé mais il faut toujours surprendre dans la vie. "Montez, je vais vous faire découvrir notre royaume". Cinq secondes après mon arrivée, j'étais déjà dans la voiture de l'entraîneur français le plus connu. Un tour du propriétaire avec les terrains, le centre d'entraînement, les pelouses, ... Retour dans son bureau et Guy regarde un exemplaire de mon journal de club. Il répond aux questions facilement. Je pose mes 30 ou 40 questions, une véritable confession. Le téléphone sonne mais Guy est vraiment avec moi. Le président passe la tête par la porte pour un problème visiblement urgent. Guy est imperturbable :" Je suis avec un  journaliste"Tu parles ! Un apprenti aux mollets noués.

    Première grande interviewjournaliste". Guy me propose de revenir le lendemain pour l'entraînement et me permet de continuer mes interviews. Bruno Martini, Basile Boli ... qui, eux aussi très ouverts me font visiter les vestiaires. Seule condition :"Si M. Roux arrive, vous ne dites pas que c'est nous qui vous a permis de venir car c'est interdit". J'engrange les confidences et photographie ce moment qui semble rare pour les professionnels de la pellicule.

    Le coach tient à me saluer pour mon retour. Sympa. Je lui envoie le journal. Un mot de remerciements suit. On en parlera quelques années plus tard lors d'un diner toujours à l'Abbé Deschamps. Peut-être que Guy Roux est à l'origine de ma venue au journal La Marne ? En tout cas, ce numéro hors série (tiré à une cinquantaine d'exemplaires, quel tirage ! )avait beaucoup plu et aussi intrigué au point d'avoir un article dans le journal Le Parisien. 

    La question : A quoi êtes vous le plus fidèle : à votre club, votre maire, votre femme ou à vous-même ?

    - "Comme j'étais dans le club deux ans avant d'être marié, c'est plus le club que ma femme. Le club, je ne l'ai jamais trompé puisque je n'ai pas été entraîneur ailleurs..."

     


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  • Petite Pause du P.P.

    25 décembre 2010- 25 décembre 2011.

    Ce petit blog  vient d'arriver à 100 portraits un an pile après sa création.

    Si le rythme un peu endiablé du début a baissé d'intensité, cette barre symbolique de la centaine montre un réel intérêt pour cette rubrique dans la coulisse des interviews. 

    Je vais tenter d'alimenter au moins une fois par semaine ce rendez-vous où la convivialité prédomine sur les potins des stars et autres personnalités.

    Joyeux Noël et bonnes fêtes à tous.

    Et n'oubliez pas que la vie ne tient qu'à un fil mais qu'elle est "infilliment" jolie

    :)


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  • 100. Barbara - "Ma plus belle histoire d'amour..."

    Dessin Pascal Pioppi

    Date de la première rencontre : novembre 93 

    Lieu de la rencontre : Théâtre du Chatelet et devant chez elle à Précy quelques années après.

    Titre de l'article : "Dis, quand reviendras-tu ?"

    Particularité : une relation amicale pendant 4 ans sans jamais se voir malgré sa promesse de faire une interview chez elle. Pour ce 100e entretien, j'ai choisi de rendre hommage à Barbara, la seule que je n'ai pas eu la chance de rencontrer. 

    La vie réserve toujours des surprises à qui sait ouvrir les yeux. Les oreilles aussi... Ayant offert comme cadeau à ma femme une place pour voir Barbara au Chatelet, je me suis donc installé à ses côtés tout en haut de ce théâtre parisien pour ce récital qui sera en fin de compte son dernier dans la capitale. J'ai ainsi découvert Barbara que je ne connaissais pas beaucoup et pour parler vrai que je ne n'appréciais pas plus que ça. Brel, Brassens avaient toujours eu ma préférence.

    Dès son entrée en scène, la révélation a été pour moi comme un choc artistique mais aussi  humain. La beauté a envahi ce lieu, presque devenu inquiétant par cette présence captivante et envoûtante de simplicité. Une sorte d'apparition divine et un tour de chant qui a certainement changé ma manière de penser.

    La nuit a été agitée et je ne pouvais garder ces impressions sans lui faire part de mon ressenti. Le lendemain matin, de bonne heure, je portais donc ma missive à Précy-sur-Marne. Juste une lettre de remerciements pour le bonheur donné et partagé avec tous. L'histoire devait s'arrêter là ...

    Quelques jours après, Barbaba répondait à cette lettre certainement peu académique car écrite avec le coeur et aussi les tripes.

    Un mot joli et une porte ouverte sur autre chose...

    Notre correspondance était née. Curieux ballet avec cette approche délicate, amusante et intimidante à souhait. Un brin de mimosa, un article paru sur l'un de ses compagnons de route, des parfums de la terre, des missives amusantes... et en retour son affection avec quelques mots griffonnés sur son "cahier de vieille écolière", ses appels téléphoniques et ses petits riens qui faisaient un grand tout.

    Je me suis mis alors à rêver d'une interview pas comme les autres. Barbara a doucement mis les formes puis a ouvert la barrière :"Je vous promets Pascal on fera cette interview mais vous savez je n'ai rien à dire ..." Amusante, captivante  Barbara joueuse et taquine, douce et rebelle. Parfois elle observait un long temps de silence. C'était un jeu qu'elle rompait par une pirouette et un appel déjanté qui lui allait si bien. Je lui glissais mes articles sur Moustaki, Reggiani, Graeme Allwright , Catherine Lara... Elle s'en amusait. Chaque soir je préparais mes questions en ajoutant comme un cuisinier un peu de sel et en enlevant un grain de poivre pour être fin prêt le jour J.

    Qui n'est jamais venu.

    Le matin même d'aller enregistrer son dernier disque elle m'avait appelé en quittant Précy :"Je vais enregistrer et je pense fort à vous. Notre rencontre va se faire, ne vous inquiétez pas ..."

    Elle est morte le 24 novembre 97.

    Juste avant, je l'avais croisée sur le pas de sa porte, conversant avec sa voisine. J'avais garé la voiture à quelques mètres mais je n'avais pas osé l'interrompre. Nos regards s'étaient croisés mais la délicatesse et nos rapports particuliers m'avaient empêché de franchir le pas. Peut-être par timidité. Certainement par pur respect. La magie d'une relation évolue sur un fil très mince. Elle me captivait. M'amusait aussi par ses réactions de grande dame.

    Dans l'une de mes lettres déposées dans sa boite je lui avais fait part que sa maison était triste le soir à la tombée de la nuit. Elle n'avait rien dit mais le lundi et mardi suivants, jours de mon retour du journal elle avait, comme clin d'oeil certainement, allumé sa lanterne. Magique ? Elle avait renouvelé cette marque lumineuse pendant tout l'hiver. 

    Que de belles choses partagées. Un bonheur tout simple qui prenait une dimension rayonnante. Barbara m'encourageait sur mes écrits. Elle veillait peut-être sur moi d'une manière lointaine mais si proche. Même si j'ai été peiné de sa disparition, je suis, en fin de compte heureux de ne pas avoir eu cet entretien tant désiré. La magie est restée intacte avec cette douce attente qui a cimenté par petites touches une douce amitié . Il me reste ses chansons et ses gestes touchants d'une humanité qui a certainement changé ma manière de poser sur les gens un regard toujours bienveillant. 

    La beauté est toujours une promesse de bonheur.

    24 décembre 2011

     


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  • 99. Vincent Moscato -ex-rugbyman  - nouveau comédien99. Vincent Moscato -ex-rugbyman  - nouveau comédien

    Date : décembre 2010

    Lieu : Théâtre du Petit Gymnase à Paris 

    Durée : 25 minutes au café du Théâtre dehors

    Titre : Moscato, un dur au coeur tendre

    Particularité : venu en scooter de son émission de radio, Vincent, en retard, a préféré commencer l'interview plutôt que d'aller saluer l'équipe de France au grand complet venue voir son spectacle.

    On parle vite le même langage avec le célèbre rugbyman, ex-enfant terrible du XV de France.Le sport est un vecteur de simplicité et aussi de complicité.Ffatigué, les traits tirés, l'allure solide et décidée, un peu stressé par le spectacle qui se profile, Vincent se pose, écoute et saisi très vite où je veux l'emmener. Nuances et jeux de mots sont de sortie. Un vrai festival de passes croisées. L'homme est profond, attentif, loin de l'image dégagée du sportif. Sa gentillesse fait le reste.

    Une sorte de déménageur de piano à l'allure campagnanrde mais qui possède la sensibilité requise pour jouer du Mozart quelques minutes plus tard sous le regard amusé de ses potes du XV de France dont un Chabal quelque peu malmené par un Moscato vraiment très amusant mais presque gêné de se produire devant ses anciens copains.

    La phrase : "Je veux être tout simpplement heureux du travail bien fait comme dans tous les métiers."


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  • 98. MC Solaar- chanteur98. MC Solaar- chanteur

    Date : 2 mai 2002

    Lieu : café très chic près de l'Etoile à Paris

    Durée : 20 mn pour moi et autant pour ma fille Cécile pour son école

    Titre : Rap... porteur

    Particularité : double interview tranquillement assumée par un être exquis.

    Loin de l'image du rappeur agressif, Claude, qui milite pour un monde à visage humain, possède une rigueur morale qui force le respect. Un être rare, sensible, à l'écoute et d'une  disponibilité totale. Après 20 minutes d'un entretien on ne peut plus convivial dans un café parisien où les regards étaient tous tournés vars la superstar du rap, le poète a enchaîné avec ma fille qui était elle aussi venue avec ses questions et qui, visiblement a vite captivé le chanteur pour sa fraîcheur et certainement des questions plus adaptées. Mais avec MC, le courant est vite passé avec en point d'orgue une dernière question plus légère sur l'alimentation :

    On te sait grand amateur de pâtes. Te sens-tu obligé, professsionnellement parlant, de râper quelques chose dessus ?

    - (en se lâchant d'un rire amusant) C'est vrai que j'adore les pâtes. Je râpe du gruyère car je ne sais pas pourquoi, le parmesan me donne des aphtes. 

     


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